Les objectifs et principes de la restauration et de la conservation

Intervenir, mais pourquoi ?

Tout comme pour le rééquilibrage du lit de la Loire, il est possible de questionner les raisons des pratiques interventionnistes sur certaines annexes.  Lorsque la Loire était moins contrainte, moins chenalisée, un équilibre devait exister entre l’ouverture, la création d’annexes, par la force des crues, et la fermeture, la disparition d’autres annexes fluviales, par une évolution naturelle des milieux. Ce n’est plus le cas actuellement. Les nombreux usages et l’urbanisation progressive au sein de la Vallée de la Loire, ont considérablement réduit les possibilités pour le fleuve de divaguer.

« Aujourd’hui, il n’y a plus de nouveaux bras, seulement des disparitions. Pour le moment, on essaye de bricoler pour sauvegarder les milieux annexes restants, le temps qu’on aide la Loire à se rehausser. » Extrait du film « Pour une Loire vivante »

Le résultat des actions réalisées dans le cadre du rééquilibrage du lit principal de la Loire seront visibles dans quelques décennies. Mais des actions complémentaires s’avèrent nécessaires aussi pour certaines annexes. Si aucune action n’est mise en place, plusieurs pourraient se fermer et continuer à perdre leurs fonctionnalités hydro-écologiques. En effet, la déconnexion progressive des annexes avec le chenal principal peut diminuer leur caractère « humide », limiter leur rôle dans l’expansion des crues, mais aussi d’accueil des flore et faune inféodées à ces milieux humides et aquatiques.

Les travaux de restauration visent ainsi à permettre le retour ou le maintien des habitats menacés, tels que les habitats pionniers et les milieux les plus humides, créant ainsi une mosaïque à l’échelle de la vallée favorable à l’accueil d’une grande diversité d’espèces.

Les objectifs

En cohérence et complémentarité avec les actions de rééquilibrage du lit principal, des actions de restauration/conservation visent une amélioration de l’espace de mobilité de la Loire au niveau de ses annexes fluviales, la conservation de la mosaïque d’habitats ainsi que de la diversité des fonctionnalités.

Favoriser l’expression de la « dynamique fluviale naturelle »

De nombreux bras sont contraints au niveau de leur équilibre hydromorphologique. Ces contraintes sont le plus souvent liées à la présence d’ouvrages transversaux au sein du bras ou au niveau de ses connexions.

Conforter leurs fonctionnalités écologiques

Les bras assurent une variété de fonctions écologiques essentielles à l’accomplissement du cycle biologique de nombreuses espèces. Ils constituent aussi un axe migratoire, des zones refuges souvent privilégiées par les espèces lors des périodes de hauts débits.

Favoriser une mosaïque d’habitats et la grande diversité des espèces

La biodiversité de la Loire est reconnue et protégée. Les bras et boires accueillent différents types de peuplements biologiques selon leur stade d’évolution, leur typologie (bras secondaire actif, boire/bras morts ou autre zone humide). Par conséquent, pour favoriser la biodiversité il est nécessaire de maintenir différents types d’annexes au sein de la Vallée de la Loire. Le maintien d’une mosaïque d’habitats contribue à la préservation d’une grande diversité d’espèces et d’habitats.

Les projets de restauration d’annexes fluviales, bien qu’ils s’inscrivent au sein d’un système global, doivent être analysés au cas par cas, selon le contexte local de l’annexe. L’intervention n’est pas systématique, car elle n’est pas toujours source de gain. Si elle est choisie, c’est qu’un diagnostic de l’annexe est venu confirmer la nécessité d’une intervention.

Une multitude d’espèces côtoie les habitats aquatiques durant leur cycle de vie, dont de nombreuses espèces menacées et en conséquence protégées sur le territoire. Les bras et boires regroupent des habitats diversifiées, propices à la présence d’amphibiens, de libellules et nombreux autres insectes ainsi que des oiseaux.

Plusieurs types d’actions peuvent être engagés. Selon les objectifs de restauration ciblés et selon l’annexe, les mesures pourront être différentes pour chaque boire et bras secondaires (liste non exhaustive) :

  • Suppression ou réaménagement des ouvrages impactant la continuité hydro-écologique
  • Gestion de la végétation arbustive et arborée en faveur des habitats pionniers et humides
  • Gestion de la végétation des berges : restauration des boisements, suppression des cultivars de peupliers, conservation des boisements alluviaux
  • Gestion raisonnée des espèces exotiques envahissantes, notamment par l’amélioration de la résilience du milieu
  • Conciliation des usages, développement des moyens de contrôle de la fréquentation
  • Suppression des dépôts sauvage, gestion des rejets et prélèvements
  • Favoriser et pérenniser des usages et pratiques adaptées à la conservation de certains milieux (ex. élevage pour les milieux prairiaux des îles par exemple)

La pertinence des travaux est évaluée grâce à des suivis réguliers sur les annexes ainsi qu’au programme d’évaluation globale du contrat.

Chantier de suppression d'un ouvrage bras du Boireau janvier 2018
Nouvelle station de Scirpe triquètre (espèce protégée), bras du Boireau décembre 2019

Les chantiers sur les annexes sont parfois impressionnants, tout comme la rapidité de réponse de certains  milieux naturels et espèces.

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